Ceux que la glose sur le réchauffement fatigue, agace ou désespère peuvent utilement se référer à l'édition du 18 septembre du New York Times. Dans une brève et vigoureuse chronique intitulée « Erreurs et émissions », le Prix Nobel d'économie Paul Krugman fait leur affaire à ceux qu'il estime être les grands fauteurs de « désespoir climatique », ceux qui assurent que la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre est fondamentalement incompatible avec la croissance économique.
« Les plus dangereux adeptes du désespoir climatique sont les anti-environnementalistes de droite, écrit M. Krugman. Mais ils sont aidés et confortés par d'autres groupes, situés à gauche, qui ont leurs propres raisons d'avoir tort. » D'un côté, donc, les milieux d'affaires néoconservateurs qui assurent qu'il est impossible de lutter contre le réchauffement sans détériorer l'économie. De l'autre – « essentiellement le mouvement européen pour la décroissance, ou des groupes américains comme le Post Carbon Institute », précise M. Krugman –, ceux qui professent le ralentissement de l'économie comme une condition nécessaire de la réduction des émissions. Alliées involontaires, les deux extrémités du spectre politique seraient donc unies pour promouvoir le « désespoir climatique » ambiant, donc la paralysie et l'inaction.
FIXER UN PRIX MONDIAL AU CARBONE
L'économiste américain s'appuie sur plusieurs travaux récents – ceux conduits par le Britannique Nicholas Stern ou par le Fonds monétaire international (FMI) – pour affirmer que la croissance peut être facilement découplée des émissions de gaz à effet de serre par une politique climatique ambitieuse. Fixer un prix mondial au carbone permettrait une réorientation rapide et massive des investissements et des modes de consommation qui conduirait à une baisse substantielle des émissions.
M. Krugman rappelle que la production énergétique décarbonée est de plus en plus abordable et cite, par exemple, « la division par deux du coût du photovoltaïque depuis 2010 ». Conclusion du Prix Nobel d'économie : « Si un jour nous passons outre les intérêts particuliers et l'idéologie qui ont bloqué l'action nécessaire pour sauver la planète, nous verrons que cela sera plus simple et moins coûteux que personne, ou presque, ne l'avait imaginé. »
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